L’Académie des Beaux-Arts, à l’unanimité, vient de décider que M. Marcel Dupré était autorisé à considérer comme périmés ses droits et ses obligations de pensionnaire, pour les deux premières années de sa pension.
Elle estime donc que M. Dupré commençait en mai 1919 la
troisième année de sa pension.
Cette pension continuera donc à courir jusqu’en avril 1921.
Veuillez, cher Monsieur Pénan
(1), agréer l’expression de mon dévouement.
(1) Orthographe incertaine car le nom est peu lisible sur le manuscrit.
C’est avec une surprise un peu attristée que j’ai appris par Marcel Dupré seulement, la décision importante prise en sa faveur dans la séance du Samedi 3, car j’estime qu’un lien plus étroit devrait exister entre l’Académie des Beaux-Arts et son délégué.
Ne craignez-vous pas, mon cher ami, que les camarades de ce
jeune artiste de grand talent, et particulièrement ceux qui furent mobilisés au cours de la guerre, ne voient dans la faveur
qui lui est concédée une atteinte à la justice, ou peut être comme conséquence une atteinte à l’institution. J’ai tellement
cette crainte pour ma part qu’eusse-je été consulté, mon avis eût été nettement défavorable à cette mesure à moins qu’il
n’eût été décidé en la prenant de l’étendre à une règle générale par une modification au règlement. Celui-ci du reste et
tant que la limite d’âge ne sera pas réduite à 25 ans comme il en est question, ne peut manquer d’être modifié par la force
des choses.
Mon avis serait donc de prendre les devants en modifiant dès
maintenant ce règlement pour la période transitoire que nous traversons, et par esprit de justice et surtout en vue de
préserver notre autorité pour l’avenir.
Il est impossible de traiter comme les jeunes étudiants
d’autrefois des hommes faits et des gens mariés (pour quelques uns pères de famille) et je crois d’une bonne politique pour
l’académie de se montrer disposée à examiner avec bienveillance le cas particulier de tout prix de Rome qui lui ferait la
demande de séjourner à Paris tout en conservant sa pension.
N’eut-il pas été très simple à Marcel Dupré de donner sa
démission motivée au lieu de cumuler des avantages incompatibles les uns avec les autres.
Mon cher Widor, sachez que si sans avoir été consulté je crois devoir vous dire mon sentiment sur cette affaire, c’est parce qu’il m’est revenu de divers côtés que mon nom y avait été mêlé dans un sens approbatif.
(1) Paul-Albert Besnard (1849 – 1934) : peintre et graveur français, né et mort à Paris. Auteur de peintures d’un coloris clair et lumineux. Peinture de l’Ecole de Pharmacie. Académie des Beaux-Arts (1912).