LA PEDAGOGIE DE MARCEL DUPRE
VUE PAR SES ELEVES D'ORGUE par Jean-Dominique PASQUET et Carolyn SHUSTER-FOURNIER
En cette année où nous célébrons le trentenaire de la mort de
Marcel Dupré (1), nous sommes heureux de mettre en valeur les qualités pédagogiques
d’un des plus grands maîtres de l’orgue au XXème siècle. Nous faisons partie d’une génération qui a été formée par les
élèves de Marcel Dupré. Pour l’exécution, il est essentiel de travailler avec discipline, exactitude, rigueur et assiduité
et d’avoir acquis les bases techniques nécessaires à l’interprétation de tout le répertoire. La pratique de l’improvisation,
qui nécessite un travail aussi persévérant que l’exécution, permet une assimilation des styles, donne un sens d’organisation
aux idées et se révèle indispensable à tout organiste liturgique. La première partie comporte deux textes de Suzanne Chaisemartin : Souvenirs d’une rencontre et La Classe d’orgue de Marcel Dupré. Dans la deuxième partie se trouvent les témoignages des élèves de Marcel Dupré aujourd’hui malades ou décédés, dont la plupart avaient été lus lors de la célébration de son 85ème anniversaire à Saint-Sulpice, le vendredi, 7 mai 1971. (Ils ont été publiés dans le Bulletin de l’Association des Amis de l’Art de Marcel Dupré, n° 15, disponible chez A.A.A.M.D., 8, Rue Emile-Gilbert, 75012 Paris, France.) Enfin, la troisième partie de notre exposé présente les réponses à notre questionnaire, adressé aux anciens élèves concernant l’exécution, l’improvisation, l’interprétation et la pédagogie. Elle est suivie de quelques souvenirs personnels et anecdotes. En annexe : la liste des élèves de la classe d’orgue de Marcel Dupré au Conservatoire de Paris et la transcription d’un commentaire de Bernard Gavoty sur une fugue d’école réalisée par Marcel Dupré sur son orgue personnel de Meudon en 1949 (2). Il s’agit d’une émission de radio, éditée en disque noir par l’Association des Amis de l’Art de Marcel Dupré (3). Nous espérons que ces témoignages des élèves d’orgue de Marcel Dupré contribueront à mieux comprendre les principes pédagogiques de ce grand maître. Il importe de transmettre cet héritage spirituel aux futurs organistes, afin de leur permettre d’être au service de leur Art. ____________________ 1 Article écrit en 2001 (N.D.L.R.). 2 Voir page 25 (N.D.L.R.). 3 Disque Le Kiosque d’Orphée KO/860207 en vente auprès de l’A.A.A.M.D. (N.D.L.R.). […] II. TEMOIGNAGES DES ELEVES DE MARCEL DUPRE (AVANT SA MORT) Pierre Cochereau
« Vous avez su marquer de votre empreinte une fois pour toute la
personnalité de ceux qui ont eu la chance d’être vos disciples. [...] Vous m’avez aussi fait comprendre qu’il pouvait y
avoir encore place, de nos jours, pour des valeurs qui ne sont plus guère à la mode : la simplicité, l’indulgence et la
modestie. Et cela, n’est-ce pas encore le plus beau cadeau ? » (Texte lu le 7 mai, 1971, publié dans le Bulletin de l’Association des Amis de l’Art de Marcel Dupré, n° 15, oct. 1996, p. 20.) Jean Costa
« [...] le sens rigoureux du respect des textes et de la
structure musicale, éléments indispensables à tout artiste qui se veut scrupuleux de son art. » (Ibid.,
p. 22.)
Jean-Pierre Dathy
« Il leur apprendra aussi une véritable haine pour le
laisser-aller et la négligence. J’ai déjà dit de l’indulgence du Maître qu’elle dépasse l’imaginable. Mais sa sévérité est
redoutable. Transmise par les Anciens cette consigne ne sera jamais perdue de vue par les plus jeunes. [...] »
(Ibid., p. 21.)
Marie-Madeleine Duruflé-Chevalier
« Plus j’ai vécu, plus j’ai compris combien il fallait écouter
ses moindres conseils. C’est en les exagérant que l’on est dans le vrai. Je donnerai deux exemples seulement, dans le
souci d’être brève : quand il disait : « Mon petit, à l’orgue, il ne faut pas bouger! », et de même lorsqu’il conseillait
d’apprendre par cœur nos improvisations, ce n’est qu’après beaucoup d’expériences que j’ai réalisé en plein ces deux
secrets de travail. » (Ibid.)
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